La harpe

Informations supplémentaires

  • Famille: Cordes

Etymologiquement le mot harpe vient du germanique " harpa " (griffe) avec la même racine que harpon.

 

Ce qui laisse supposer qu’elle doit son nom au fait que les cordes sont étirées, griffées, harponnées par les doigts de l’instrumentiste.

Mais la harpe est aussi dérivée de l’arc guerrier des premiers hommes " l’arc musical primitif ": sa forme arquée, curviligne, souvent adoptée par les anciens (et même par certains peuples d’aujourd’hui) laisse supposer cette hypothèse.

Son origine se perd dans la nuit des temps. On retrouve sa trace entre le cinquième et le deuxième millénaire av. J.C. dans les pays bibliques, berceau de la civilisation. On différenciait à cette époque la lyre et la harpe grâce à leurs conceptions légèrement différentes: la lyre possède des cordes de longueurs égales partant d'un même point de fixation alors que la harpe a ses cordes parallèles et de longueurs inégales.

La harpe a occupé une place importante dans l’antiquité orientale, son apparition en Occident, par contre, semble se situer au début de l’ère chrétienne. Son entrée dans le monde occidental n'est pas précise, mais il semble que l’Égypte (dès la VI ème dynastie : -2374 à -2140) avait des échanges commerciaux avec l'Eire (Irlande) pour ses mines d’Étain. Des harpes sont ainsi entrées en Europe par les pays Celtes.

Ces harpes étaient petites et facilement transportables (entre 12 et 16 cordes), sculptées dans un tronc de Saule avec des cordes en cuivre, on en jouait avec les ongles. Elle devient l’instrument de prédilection des bardes, des poètes musiciens puis des gens de cour.

La harpe irlandaise, plus haute, à la colonne fortement incurvée et munie de cordes métalliques est réputée pour la beauté de son timbre. Elle a accompagné l'Irlande au cours de toute son histoire, elle apparait d'ailleurs sur son blason. Puis l’instrument fait son entrée au Pays de Galles, en Ecosse, enfin en Angleterre.

Par la suite, les bretons du continent l’ont propagé en France et en Europe.

Dans le monde, il existe et il a existé différentes formes et sortes de harpes, en voici un bref aperçu.

Les harpes triangulaires occidentales

La harpe diatonique, ou à pédales: la harpe à pédales, ou harpe classique, est celle que l'on utilise dans les orchestres symphoniques et dans les formations de musique de chambre. C'est la harpe la plus sophistiquée.

La harpe éolienne: une harpe éolienne est une boîte en bois munie d'une caisse de résonance. Les cordes sont étirées sur toute sa longueur. Elle est placée sur une fenêtre entre-ouverte où le vent peut souffler à travers les cordes afin que celles-ci produisent un son.

La harpe chromatique: inventée en 1894 par Gustave Lyon, directeur de la firme Pleyel, pour concurrencer la harpe diatonique à pédales, elle comporte deux plans de cordes croisés : un plan de cordes pour les bécarres, un plan pour les bémols et dièses. Elle permet l'exécution de tous les traits chromatiques avec une grande vitesse, mais contrairement à la harpe diatonique, elle ne permet pas les glissandi dans tous les modes et tonalités. La harpe chromatique tomba dans l'oubli progressivement dans les années d'après-guerre.

La harpe celtique: La harpe celtique est un instrument central du monde celte: plus que « traditionnelle », elle est une expression d'une culture classique celtique et, maintenant, d'une musique celtique contemporaine ; elle possède généralement 32 à 38 cordes. Elle est reconnaissable à son arc, toujours cintré.

La harpe troubadour ou bardique: il existe également de petites harpes, pouvant être sanglées, dont on peut jouer debout et en se déplaçant.

La harpe double (arpa doppia), ou à double rang de cordes: cette harpe conçue vers 1550 comporte deux rangs de cordes parallèles correspondant l'un aux notes naturelles et l'autre aux altérations (comme les touches blanches et les touches noires d'un clavier). Elle n'a rien à voir avec la grande harpe chromatique (cfr. Évolution de la facture de la harpe en occident).

La harpe triple (arpa tripla), ou à triple rang de cordes: on joue de cette harpe au Pays de Galles où elle est un instrument traditionnel. Son enseignement, hors académie, s'est transmis confidentiellement. Actuellement, dans ce pays, elle bénéficie d'un regain d'intérêt.

La harpe mexicaine: nombre de harpes existent au Mexique avec des tailles variables.

La harpe des Andes: cette harpe (arpa) est un instrument important du patrimoine musical péruvien et sur toute la Cordillère des Andes. Importée par les Conquistadores, elle a été adaptée pour répondre aux besoins d'expression musicale propres à la région:une caisse de résonance agrandie et la tension sur les cordes plus faible que sur la harpe occidentale. Instrument diatonique, elle n'a pas de pédale. Les musiciens andins jouent de la harpe en utilisant un système pentatonique.

Les harpes angulaires

Certainement l'une des plus anciennes formes de harpe connue, répandue en Égypte ancienne et en Asie. La caisse de résonance forme avec la console un angle plus ou moins droit qui n'est pas fermé par un joug.

La harpe chinoise ou konghou: cette harpe a disparu depuis des siècles alors qu'elle avait pourtant une position importante en Chine.

La harpe iranienne ou chang: cette harpe fut aussi prééminente en Iran mais a disparu depuis trois siècles.

La harpe turque ou çeng: disparue elle aussi depuis deux siècles.

Les harpes arquées

Appelées aussi « harpes coudées », elles sont aussi fort anciennes et leurs conceptions assez rudimentaires.

La harpe birmane : datant du VIIIème siècle, c'est l'une des plus anciennes harpes encore jouée de nos jours. C'est un instrument rare et précieux, très ornementé et réservé autrefois à la Cour.

Les harpes africaines: C'est le type de harpe le plus courant rencontré sur le continent africain.

Les harpes fourchues

Ce sont des hybrides de harpe arquée et de harpe angulaire avec deux ou plusieurs manches. On en rencontre en Nouvelle-Guinée et en Afrique.

Les harpes-luths

On en rencontre plusieurs variétés en Afrique noire. Comme leurs noms l'indiquent, il s'agit de harpes hybrides ayant la forme et les caractéristiques d'un luth, mais utilisées avec une technique de jeu de harpe..

La harpe-cithare

Cet instrument hybride d'Afrique noire se présente sous la forme d'une variété d'arc musical ou de cithare mais avec des éléments propres à la technique de jeu de la harpe, notamment grâce à un haut chevalet similaire à celui des harpes-luths.

 

Evolution de la facture de la harpe en occident.

La harpe médiévale restait immuablement diatonique, alors que le chromatisme naissant envahissait peu à peu la musique avec l’introduction des altérations (il faut savoir que dièses et bémols, qui définissent le chromatisme, sont loin d’avoir le même âge, le bémol seul a figuré dans les livres de plain-chant, on l’y retrouve dès l’année 927 ; dans quelques pièces de la fin du XIIIe apparaît le dièse).La naissance et le perfectionnement des instruments à clavier comme le clavecin ou le piano entraînaient un désintéressement pour la harpe.

En parallèle à l’évolution de la composition musicale de l’époque, l’évolution de la harpe se devait donc de continuer, aboutissant à de nouveaux perfectionnements.

A la Renaissance, des luthiers italiens inventent la "arpa doppia". Elle est constituée d'une double rangée de cordes parallèles. La harpe comporte alors 58 cordes et se pose au sol, on la joue debout.

1660 : LA HARPE A CROCHETS

Vers 1660 des facteurs tyroliens inventent le mécanisme de crochets : actionné par la main du harpiste, le crochet tire la corde, la raccourcit, et l’élève d’un demi-ton. Ce type de harpe est l’ancêtre de nos « harpes celtiques ».

1720 : LA HARPE À CROCHETS ET À PÉDALES

Vers 1720, un facteur de harpes, du nom de Hochbrückher trouve le moyen de faire mettre les crochets en mouvement (tout en pouvant continuer à jouer) par le jeu de 7 pédales placées à la base de l’instrument et reliées aux crochets par une ingénieuse mécanique qui se trouve à l’intérieur de la colonne. On l’appellera aussi harpe à simple mouvement

Ce système ingénieux permet à la harpe d’accéder aux faveurs de la haute société. Son raffiné autant que sa lutherie en fait l’instrument de prédilection de Marie-Antoinette et de sa cour. Instrument à la mode, les compositeurs s’y intéressent de plus en plus. H. Berlioz sera un des premiers à la remettre à l'honneur dans ses œuvres symphonique et même Mozart finit par lui écrire un Concerto.

1811 : LA HARPE A DOUBLE MOUVEMENT

En 1810, Sébastien Erard perfectionne ce système encore défectueux. Il remplace les crochets par des fourchettes, et en ajoute une nouvelle rangée afin de permettre à la corde d’être raccourcie d’un second demi-ton, réajustant ainsi la forme de l’instrument même, et rendant l’instrument plus ludique: la harpe peut ainsi être jouée dans tous les tons. Elle devient beaucoup plus harmonieuse dans la forme et puissante dans la sonorité.

La harpe de concert est née et elle gardera cette forme définitive. Cette invention ingénieuse va permettre à la harpe de reprendre enfin ses droits et de rivaliser avec les autres instruments chromatiques.

1894 : LA HARPE CHROMATIQUE (sans pédales)

En 1894, Gustave Lyon tente de renouer avec la harpe à double rangée de cordes. Il invente la harpe chromatique pour laquelle fut composée la pièce de Claude Debussy: "danse sacrée et danse profane".Cette harpe à cordes croisées possède 78 cordes fixées parallèlement en deux rangées sur la table, les " blanches " sont placées du côté gauche et les " noires " du côté droit. Ce second jeu de cordes transversales donne tous les demi-tons chromatiques sans mécanisme mais ne permet pas un des plus jolis effets de la harpe, le glissando.Ce système ne survit pas à la mort de son concepteur.

2005 : LA HARPE AUTOMATIQUE

L'histoire de la harpe continue encore au 21ème siècle. En 2005, Jean-Marie Panterne invente pour une jeune harpiste, Anja Linder, devenue paraplégique, une harpe automatique. Un système électropneumatique de passages de pédales complètement automatisé. Inséré dans le socle de la harpe, il est adaptable à toute marque.

Au préalable, la harpiste aura programmé sur son ordinateur la succession des combinaisons de pédales. Les fichiers, crées pour chaque morceau, sont injectés dans le bloc automatique jusqu'à représenter un programme de concert.


Outre l'aspect essentiel pour cette harpiste, ce système semble ouvrir un univers encore inconnu pour des combinaisons de pédales complexes, difficilement réalisables par des pieds humains, permettant ainsi d'aborder le jazz et d'autres styles de musiques encore... La harpe a encore de beaux jours devant elle et un beau chemin à parcourir !

Les éléments de la harpe

Les cordes : Pour produire une longue gamme de sons, la harpe est pourvue de cordes de longueurs différentes et pour faciliter le jeu certaines cordes sont peintes (les do sont rouges et les fa sont noirs ou bleus). Elles sont généralement en boyau ou en nylon sauf les cordes très graves qui sont en acier filé. La harpe classique possède 47 cordes.

Le corps sonore est fermé au moyen d’une table d’harmonie. Cette table porte une barre en métal le long de son axe afin d’éviter que la tension élevée des cordes ne l’arrache de son support. Elle possède de petits trous au travers desquels passent les cordes, qui sont fixées au moyen de boutons placés dans la caisse sonore. Cette partie creuse est la caisse de résonance.

Les chevilles sont des vis que l'on serre plus ou moins pour tendre ou détendre les cordes de la harpe.

La console ou col de cygne est la partie supérieure de la harpe où sont logées les chevilles autour desquelles viennent s’enrouler les cordes afin de leur donner l’accord. La harpe reste moins longtemps accordée que le piano par exemple, les cordes étant pour la plupart en boyau, elles sont donc sujettes aux influences hygrométriques. Cette partie contient également le mécanisme à fourchette inventé par Sébastien Erard.

Sept pédales actionnent le mécanisme à fourchette qui permet d'altérer le son des notes : dièse, bémol, bécarre

La colonne est creuse et accueille les tringles de commande venant des pédales. C’est cet élément très robuste qui soutient la totalité du montage et supporte la tension des cordes.

La cuvette ou socle est la pièce qui assemble la console au corps et sur laquelle est fixé le pied qui sert à supporter la harpe.

 

Bibliographie:
http://decouvrir.la.musique.online.fr/harpe.html

http://www.laboitamuzik.fr/quest-ce-que-la-harpe:Texte de Christophe RANÇON, directeur de l'Instrumentarium à Paris.Le CRI : Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de l'Abbevillois

http://www.musiciens.fr/blog/instruments/histoire-harpe.htm

http://www.lesmusijoies-harpe.com/lhistoire-de-la-harpe/2-lhistoire-de-la-harpe/9-la-harpe-ses-origines

https://fr.wikipedia.org/wiki/Harpe

http://mediatheque.cite- musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/CMDM/CMDM000001600/harpe_histoire_03.htm

www.citemusique-romans.com/images/m1_MTM2_diaporamaharpe.ppt

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