Notre flûte n’est certes plus ce roseau que connurent les premiers hommes. Elle est le résultat de recherches techniques persévérantes.
La flûte à bec est un instrument à vent de la famille des bois. Aussi appelée « flûte douce », « flûte d'Angleterre » ou « flûte droite », elle comporte huit trous de jeu, dont un manipulé par le pouce pour permettre l'émission des octaves aigües. Cet instrument apparaît incontestablement dans cette forme particulière à partir du XIVe siècle
Comme nombre d'autres instruments, cette flûte se décline en plusieurs tailles. La nomenclature moderne comprend dans l'ordre décroissant (du plus aigu au plus grave) : exilent, sopranino, soprano, alto, ténor, basse, grande-basse, contrebasse et soubasse.
Description
Toutes les formes de flûtes, si dissemblables d’aspect soient-elles, découlent du même principe acoustique; la projection d’une lame d’air contre une arête, biseau ou labium.
On peut définir, d'une manière générale, la flûte à bec comme un tube dont l'extrémité basse est ouverte et l'extrémité haute presque fermée par un bouchon. Le souffle de l’instrumentiste tenant le bec entre les lèvres passe donc par un étroit canal, se dirige vers une ouverture et vient buter contre le tranchant aigu d'un biseau, formant ainsi des vibrations. Une partie de l'air produit est récupérée par le tuyau, le reste est rejeté à l'extérieur. C'est la coupure de la lame d'air par le biseau qui produit le sifflement. Des trous sur les parois de ce tube, fermés ou ouverts par les doigts, modifient la hauteur du son.
Dans le cas des autres flûtes (de Pan, droite, traversière), l’instrumentiste applique l’orifice de la flûte contre la lèvre inférieure. Le souffle est canalisé directement par les lèvres et vient buter le côté opposé de l’orifice qui fait office de biseau où se produit de part et d’autre une alternance dans la répartition du souffle, alternance qui provoque l’ébranlement de la colonne d’air. Le son est alors émis, quasi pur, parce que ne donnant que peu d’harmoniques.
Le son est entretenu le temps voulu par l’instrumentiste. Il n’y a aucun intermédiaire entre celui-ci et son instrument. La qualité du son est influencée par la pression du souffle. Le son sera directement lié à la personnalité de l’instrumentiste.
Il existe toutefois des instruments « à bec » ou « à bloc » qui ne fonctionnent pas selon le même mode organologique :
- Les galoubets et autres flûtes à une main ne comportent que trois trous de jeu et l'obtention des quintes et octaves s'effectue par la force du souffle. La flûte à une main, associée à un petit tambour ou à d'autres instruments de percussion manipulés par le flûtiste lui-même, était très appréciée au Moyen Âge et à la Renaissance pour mener la danse en société.
- Les flageolets quant à eux se déclinent en deux types :
- « anglais » (très proche de la flûte à bec actuelle) qui fut aussi utilisé dans les pays germaniques.
-
« français » comprenant 6 trous dont deux à l'arrière manipulés par chaque pouce.
- Le csakan est une variété viennoise de flûte à bec: il était pourvu de clés. Son usage semble s'être fortement réduit à partir des années 1850.
- Le pipeau est un instrument d'aspect très simple qui ne comporte aucun trou de pouce et ressemble de très près au tin whistle irlandais.
La différence majeure entre la flûte à bec et ces autres instruments à bouchon est la présence d'un "trou d'octaviation". Manipulé par le pouce, diamétralement opposé aux sept autres trous, celui-ci permet l'émission des octaves aigües.
D’un point de vue plus modeste mais non moins efficace, on accorde à la flûte à bec – déjà Rabelais nous l’indiquait – des vertus éducatives, à tel point que son enseignement fut imposé dans certains pays.
Histoire
Dès l’ère paléolithique, on trouve de nombreuses traces de flûtes en os, percées ou non de trous. Parmi les plus anciennes que l’on ait découvertes, celles d’Isturitz (Pyrénées, 20000 ans environ av. J.-C.).
Les flûtes sans trous pouvaient donner des mélodies issues des harmoniques. Les flûtes à trous offraient cependant plus de possibilités : elles marquent une évolution certaine. Vers 2700 avant J.-C. les Chinois connaissent plusieurs types de flûtes. Les Égyptiens se représentent tenant la flûte droite et la flûte oblique proches de celles qu’utilisent les instrumentistes populaires au XVIe siècle et en Roumanie encore de nos jours
Au moyen âge, en Europe occidentale, la pratique de la flûte sous diverses formes primitives est une tradition dont il est impossible de préciser l’origine.
La Renaissance est une époque où prolifèrent les flûtes. Les premiers grands luthiers ont pour berceau Venise et la vallée de l’Eure. Ces luthiers offrent aux musiciens un vaste éventail de flûtes : trois membres de la famille des flûtes traversières plus le fifre; éventail qui se déploie jusqu’à neuf dans la famille des flûtes à bec et dont les dimensions vont de 10 cm à 2,64 m de longueur. Charles Burney, en 1733, parle d’une quarantaine de flûtes à bec vues à Anvers, destinées à un ensemble. On n’en avait plus joué depuis plus de cent ans.
La flûte à bec connait sa plus grande popularité à l'époque baroque entre 1650 et 1750. Vers 1660, elle subit des changements que l'on attribue généralement à la famille des Hotteterre, établie à la Couture-Boussey en Normandie, et devient alors un instrument construit en trois corps (ce qui facilite l'accord avec les autres instruments). Parallèlement aux transformations extérieures, on constate des changements dans la perce qui vont de pair avec des modifications dans les doigtés. L'ensemble est devenu plus fin, plus étroit. La conicité de la perce permet de doter l'instrument de trous plus petits. Cette perce conique modifie aussi la sonorité car elle favorise la richesse en harmoniques. Son jeu devient plus facile, le son plus fin et centré. Si l'ensemble est moins puissant en raison de sa plus grande finesse, la richesse du timbre donne une impression de volume. Ces transformations donnent à la flûte à bec une place de choix au sein de l'orchestre baroque et favorisent un répertoire soliste et brillant de sonates, fantaisies et concertos généralement écrits pour la flûte alto.
C'est ainsi que des compositeurs tels que Vivaldi, Bach, Haydn Mozart…ont utilisé avec bonheur la flûte à bec, tant dans la musique de chambre et d’église que dans la musique d’opéra.
À partir de 1680, remplaçant le flageolet, la flûte à bec jouit en Angleterre d’une grande vogue dans tous les milieux.
Sans avoir été complètement oubliée, la flûte à bec fut toutefois peu utilisée au XIXe siècle.
L'intérêt particulier du musicien, luthier, musicologue et violoniste anglais Arnold Dolmetsch eut pour conséquence la fabrication de plusieurs instruments inspirés d'anciens modèles dès 1905. Un peu plus tard, le luthier allemand Peter Harlan se mit à en fabriquer à son tour dès 1927. Cette dernière facture donna naissance aux flûtes « à doigté allemand » (en fait doigtés du pipeau, sans doubles trous) que l'on rencontre encore de nos jours, alors que les flûtes respectant l'organologie ancienne promue par Arnold et Carl Dolmetsch et par Edgard Hunt sont dites « à doigtés baroques » ou « anglais » (avec deux trous doubles, permettant ainsi certaines altérations). À travers ces deux écoles de facture, ce sont deux conceptions qui s'affrontent. L'une, proche des sources anciennes, cherche à recréer une musique oubliée dans un souci de véracité historique, tandis que l'autre, plus sociale et commerciale, veut développer un instrument agréable et facile.
Bibliographie: http://www.enharmonie.org/instrument-flute-pour-en-savoir-plus.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fl%C3%BBte_%C3%A0_bec
2003 Encyclopædia Universalis France